Psaume 18
Il paraît que j’ai peur de vivre parce que je trouve un refuge
loins des remous de surface, à mon creux.
Je n’ai pas travaillé à durcir mon écorce:
ah! le coeur de mon bois est bien plus tumultueux!
Il ne suinte pas dès qu’on l’effleure,
mais se verse d’un coup sous d’autres vents.
C’est pourquoi j’ai si peu de compassion aux lèvres,
ma quête n’a pas de sens à qui m’attend.
Mon refuge lui paraît un confort,
ma retraite, un aveu de lâcheté.
Mais ta grâce, Seigneur, abandonne-t-elle les lâches?
la connaissent-ils, ceux qui me jugent d’un regard?
Ont-ils pesé l’obsession de dire
et le poids de se croire chargé de ce devoir?
Comment leur décrirai-je tous ces vents qu’ils ignorent
et ce coeur submergé par les marées du sang?
Comment leur montrerai-je que certains vents s’y forment,
des courants, des contre-courants?
Je m’acharne par force à traduire l’ineffable:
ma version de la vie ne parviendra jamais à la clarté.
Qui pourra croire à mes cavernes, à mes arbres?
qui prendra mes pierres pour vraies?