PATRICE DE LA TOUR DU PIN

Psaume 33

Tu m’assèches, tu me dépeuples, tu me creuses,
comme si tu voulais que je fusse une tombe
plus morte que son mort, mais que son mort fût toi  . . .

Dieu qui d’un homme assis fais lever un nomade,
est-ce á toi que j’ai obéi?
J’aimais plus simplement lorsque j’étais petit.

Ma voix te bénissait dans ses bonheurs de dire!
Est-ce ta grâce? est-ce mon mal qui la déchire?
je ne sais même plus qui la torture ainsi.

Si c’est encore à toi que je crie mon angoisse,
je m’écoeure à l’entendre haletante et si basse:
mon battement de coeur n’est-il plus que ton glas?

Si je te crois encore le confident plus proche,
si je rêve toujours de chanter pour tes noces,
est-ce par habitude ou par amour de toi?

Pourquoi m’avoir chargé d’un tel désir de louange
si c’était pour me changer d’ange,
me confier à celui qui doit écarteler?

Encore si j’y voyais le sceau de ta souffrance,
si dans ton agonie je pouvais battre au sens
d’être brisé à mort pour mieux te ressembler!

Mais j’ai peur de tricher et d’aggraver ma dette . . .
tu n’es pas Dieu à demander ma tête
et qu’ai-je d’autre pour payer?  end